2021/1/6 Ces dernières années, force est de constater qu’en Guinée, beaucoup de jeunes militants des partis politiques de l’opposition ont dû quitter leur pays pour s’exiler, contre leur gré, dans la sous-région (Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, etc.), en Europe (France, Belgique, Angleterre, Italie, Espagne, etc.), au Canada ou aux Etats-Unis. C’est le cas par exemple d’Ahmadou Kourouma, né le 3 février 1996 à Conakry, et qui s’est distingué, il y a quelques années, dans les mouvements de protestation organisés par l’opposition contre la façon dont le pays est géré par le président Alpha Condé au triple plan politique, économique et social. Ce qui lui a valu certainement d’être arrêté le 22 décembre 2015 par la gendarmerie de Hamdallaye, un quartier situé sur l’Axe, dans la commune de Ratoma, considérée à juste titre comme le fief de l’UFDG, le principal parti d’opposition en Guinée. A la demande de son avocat, il bénéficiera d’une liberté provisoire. Le 07 mars 2016, il a été auditionné au Tribunal de première instance de Mafanco où son dossier a été finalement transféré. Après son audition, le juge d’instruction lui a ordonné de se présenter au tribunal tous les lundis et jeudis à 9H 30. Par peur peut-être d’être condamné pour ses activités politiques menées au sein de l’opposition, le jeune homme a cru devoir prendre le chemin de l’exil avec toutes les conséquences que cela comporte. Selon ses proches, il se trouverait actuellement sur le sol français. Il grossit ainsi les rangs des jeunes Guinéens qui, la mort dans l’âme, sont obligés de vivre loin de leur pays et de leurs parents pour ne pas se retrouver derrière les barreaux après un procès expéditif. Une situation que condamnent unanimement les organisations de défense des droits de l’homme.
Ce cas d’Ahmadou Kourouma, parmi tant d’autres, relance le débat sur les risques réels auxquels s’exposent les militants des partis de l’opposition en s’illustrant dans leurs quartiers dans les manifestations et autres mouvements perçus par le pouvoir comme subversifs ou de nature à troubler l’ordre public. Sous Lansana Conté, ce sont les militants du RPG (parti fondé par l’actuel président de la République, Pr. Alpha Condé) qui ont été majoritairement victimes de ce que d’aucuns ont assimilé, à tort ou à raison, à la persécution politique pratiquée par le régime militaire. Beaucoup ont pensé, naïvement peut-être, qu’avec l’avènement au pouvoir d’un président démocratiquement élu (un ancien opposant ayant passé plus de deux ans en prison), de surcroît professeur de droit, les choses changeraient positivement en Guinée. Mais hélas !
Ecoguinee
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